La finance de l'ombre, ou shadow banking, est un concept qui suscite un intérêt croissant dans le domaine de la finance moderne. Elle désigne l'ensemble des activités financières qui se déroulent en dehors des institutions bancaires traditionnelles et qui échappent à la régulation classique. Bien que souvent perçue comme une source de risques potentiels pour la stabilité économique, la finance de l'ombre joue également un rôle crucial dans le financement de l'économie mondiale. Cet article se propose d'explorer en profondeur ce phénomène, en examinant ses activités, son poids dans l'économie, les risques qu'il engendre, ainsi que les prémisses d'une régulation nécessaire pour encadrer cette finance parallèle.
Shadow banking ou la finance de l'ombre : Définition
Le shadow banking, ou finance de l'ombre, désigne l'ensemble des activités financières qui se déroulent en dehors du cadre réglementé des banques traditionnelles. Ce terme a émergé lors de la crise financière de 2007-2009 et englobe divers intermédiaires financiers qui participent au financement de l'économie sans être soumis aux mêmes règles que les banques. Contrairement à ce que son nom pourrait suggérer, le shadow banking ne fait pas référence à des activités illégales, mais plutôt à des opérations qui, bien que non régulées, sont essentielles au fonctionnement du système financier mondial.
Qu’est-ce que le « shadow banking ?
Le shadow banking, également connu sous le nom de finance de l'ombre, désigne un système financier parallèle qui opère en dehors du cadre réglementaire traditionnel des institutions bancaires classiques. Ce secteur est composé d'entités financières telles que les fonds d'investissement, les fonds spéculatifs, les sociétés de financement spécialisées, les plateformes de prêts peer-to-peer, les fonds monétaires, et autres acteurs financiers non bancaires.
Les activités du shadow banking comprennent la fourniture de crédits, la gestion de fonds, le financement à effet de levier, la titrisation, et d'autres transactions financières complexes. Ces entités peuvent jouer un rôle important dans le financement de l'économie en fournissant des sources alternatives de financement et en offrant des produits financiers diversifiés.
Cependant, le shadow banking présente également des risques potentiels. En raison de son statut en dehors du cadre réglementaire strict, il peut être moins transparent et moins régulé que le secteur bancaire traditionnel. Cela peut entraîner des pratiques risquées, une augmentation de l'endettement et de la volatilité sur les marchés financiers.
Les autorités financières surveillent de près le shadow banking pour identifier les risques systémiques éventuels et veiller à ce qu'il n'y ait pas de déséquilibres qui pourraient menacer la stabilité financière globale.
Quelles sont les activités liées au « shadow banking » ?
Le terme « shadow banking » (ou « finance de l'ombre » en français) désigne un système de services financiers qui inclut des entités et des activités financières en dehors du système bancaire traditionnel réglementé. Ces activités peuvent inclure des prêts, des opérations de titrisation, des produits dérivés, et d'autres services financiers. Voici quelques-unes des principales activités liées au shadow banking :
- 1. Titrisation : La transformation de prêts ou d'autres actifs en titres négociables. Cela permet de transférer le risque de crédit à des investisseurs tout en libérant des fonds pour de nouveaux prêts. Les fonds de titrisation jouent un rôle crucial dans le shadow banking en regroupant des actifs financiers, tels que des prêts hypothécaires ou des créances, pour les transformer en titres négociables. Cela permet aux investisseurs d'acheter une part de ces actifs tout en fournissant des liquidités aux emprunteurs. Cependant, cette pratique présente des risques, notamment la complexité des produits financiers et le manque de transparence, qui peuvent conduire à des crises financières.
- 2. Fonds communs de placement monétaires : Ces fonds investissent dans des instruments à court terme et sont souvent utilisés comme substituts aux dépôts bancaires.
- 3. Fonds spéculatifs (hedge funds) : Ces fonds utilisent des stratégies d'investissement sophistiquées et peuvent emprunter de l'argent pour augmenter leurs rendements (effet de levier).
- 4. Fonds de private equity : Ces fonds investissent dans des entreprises non cotées en bourse et peuvent utiliser des techniques de levier pour maximiser les rendements.
- 5. Financement structuré : Inclut des produits comme les obligations adossées à des actifs (ABS), les obligations adossées à des créances hypothécaires (MBS), et les obligations adossées à des créances hypothécaires commerciales (CMBS).
- 6. Prêts entre entreprises : Les entreprises peuvent se prêter de l'argent entre elles sans passer par des banques traditionnelles.
- 7. Prêts sur titres (repo) : Les accords de rachat (repo) sont des opérations à court terme où une partie vend des titres à une autre partie avec l'accord de les racheter à une date future à un prix légèrement supérieur.
- 8. Plateformes de prêt entre particuliers (P2P lending) : Ces plateformes permettent aux particuliers de prêter de l'argent directement à d'autres particuliers ou à des petites entreprises.
- 9. Finance décentralisée (DeFi) : Utilise la technologie blockchain pour offrir des services financiers sans intermédiaires traditionnels.
- 10. Assureurs et fonds de pension : Ces entités peuvent également être impliquées dans des activités de shadow banking en offrant des produits financiers et en investissant dans des actifs financiers.
- 11. Les fonds obligataires : Les fonds obligataires, quant à eux, investissent dans des obligations émises par des entreprises ou des gouvernements. Bien qu'ils soient souvent perçus comme des investissements sûrs, ils peuvent également être exposés à des risques de crédit et de taux d'intérêt. Dans le cadre du shadow banking, ces fonds peuvent fonctionner sans les mêmes exigences de capital et de liquidité que les banques, ce qui soulève des inquiétudes quant à leur stabilité.
Le shadow banking joue un rôle important dans le système financier en offrant des sources alternatives de financement et en augmentant la liquidité. Cependant, il présente également des risques, notamment en termes de stabilité financière, car il est moins réglementé que le système bancaire traditionnel.
Quel est le poids de la finance de l'ombre en France et dans le monde ?
La "finance de l'ombre" (ou "shadow banking" en anglais) désigne l'ensemble des intermédiaires financiers et des activités de financement qui se déroulent en dehors du système bancaire traditionnel. Cela inclut les fonds d'investissement, les véhicules de titrisation, les hedge funds, les sociétés de capital-investissement, et autres entités non bancaires qui participent au financement de l'économie.
Poids de la finance de l'ombre en France et dans le monde
Monde
- Globalement, la finance de l'ombre représentait environ 64,8 trillions de dollars en 2020, selon le Conseil de Stabilité Financière (FSB), soit environ 13,6% des actifs financiers mondiaux.
- États-Unis : Le marché américain est l'un des plus grands contributeurs, avec une part significative de la finance de l'ombre mondiale. Les États-Unis abritent une grande variété de véhicules financiers et d'institutions non bancaires.
- Europe : La finance de l'ombre en Europe est également substantielle, avec des marchés développés comme le Royaume-Uni, la France, et l'Allemagne jouant des rôles clés.
France
- En France, la finance de l'ombre représentait environ 1,7 trillion d'euros en 2019, selon la Banque de France. Cela équivaut à environ 25% du PIB français.
- Les principaux acteurs incluent les fonds de placement, les sociétés de gestion d'actifs, et les véhicules de titrisation.
- La réglementation en France, influencée par les directives de l'Union européenne telles que la directive AIFM (Alternative Investment Fund Managers), vise à surveiller et à limiter les risques associés à la finance de l'ombre.
Impacts et Réglementation
- Régulation : Suite à la crise financière de 2008, les régulateurs mondiaux ont accru leur surveillance de la finance de l'ombre. Le FSB, par exemple, a mis en place des mesures pour surveiller et contenir les risques systémiques potentiels.
- Risques : La finance de l'ombre peut contribuer à l'innovation financière et à l'efficacité du marché, mais elle pose également des risques en termes de stabilité financière en raison de son manque de transparence et de sa régulation souvent moins stricte par rapport aux institutions bancaires traditionnelles.
Quels sont les risques de la finance de l'ombre sur l'économie ?
Les risques associés à la finance de l'ombre sont multiples. Tout d'abord, l'absence de régulation adéquate peut entraîner une accumulation de risques systémiques, comme l'a montré la crise financière de 2007-2009. Les institutions de shadow banking, en raison de leur manque de supervision, peuvent prendre des décisions risquées qui peuvent affecter l'ensemble du système financier. De plus, la complexité des produits financiers et le manque de transparence rendent difficile l'évaluation des risques par les investisseurs et les régulateurs.
Le Shadow Banking : prémisses d'une régulation de la finance parallèle
Face aux risques croissants liés au shadow banking, des discussions sur la nécessité d'une régulation accrue ont émergé. Le G20 et le Financial Stability Board (FSB) ont commencé à élaborer des recommandations pour accroître la transparence et la surveillance des activités de shadow banking. Cela inclut la nécessité d'établir des normes pour les fonds de titrisation et les fonds obligataires afin de réduire les risques systémiques.
Les fonds de titrisation
Les fonds de titrisation, en particulier, ont été identifiés comme nécessitant une attention réglementaire accrue. Des mesures visant à renforcer la transparence des actifs sous-jacents et à imposer des exigences de capital plus strictes pourraient aider à atténuer les risques associés à ces fonds.
Les fonds obligataires
De même, les fonds obligataires doivent être soumis à une surveillance plus rigoureuse pour garantir qu'ils ne prennent pas des risques excessifs qui pourraient menacer la stabilité financière. L'établissement de normes de liquidité et de capital pourrait contribuer à renforcer la résilience de ces fonds.
Avantages et inconvénients du Shadow Banking
Les activités de shadow banking présentent à la fois des avantages et des inconvénients. D'un côté, elles offrent des opportunités de financement alternatives, permettant aux emprunteurs d'accéder à des capitaux qui pourraient ne pas être disponibles par le biais des banques traditionnelles. D'un autre côté, l'absence de régulation peut entraîner des risques importants pour le système financier, comme l'a démontré la crise de 2007-2009. Une régulation appropriée pourrait aider à maximiser les avantages tout en minimisant les risques.
Voici une analyse de ces différents aspects :
Avantages de la finance de l'ombre
1. Diversification des sources de financement : - La finance de l'ombre offre des alternatives aux prêts bancaires traditionnels, ce qui peut être particulièrement utile pour les petites entreprises et les particuliers qui ont du mal à obtenir des financements par les canaux traditionnels.
2. Innovation financière : - Elle encourage l'innovation en introduisant de nouveaux produits financiers et en utilisant des technologies avancées comme la blockchain pour la finance décentralisée (DeFi).
3. Liquidité accrue : - Les activités de shadow banking, comme la titrisation, peuvent augmenter la liquidité des marchés financiers en transformant des actifs illiquides en titres négociables.
4. Efficacité et flexibilité : - Les entités de shadow banking peuvent offrir des services financiers de manière plus flexible et rapide que les banques traditionnelles, grâce à une réglementation moins stricte.
5. Accès au crédit : - Elle peut améliorer l'accès au crédit pour les emprunteurs qui ne répondent pas aux critères stricts des banques traditionnelles.
Inconvénients de la finance de l'ombre
1. Risque systémique : - La finance de l'ombre peut contribuer à l'instabilité financière en raison de son manque de réglementation et de supervision. Les crises financières, comme celle de 2008, ont montré que les activités de shadow banking peuvent amplifier les risques systémiques.
2. Transparence limitée : - Les opérations de shadow banking sont souvent moins transparentes que celles des banques traditionnelles, ce qui peut rendre difficile l'évaluation des risques et la prise de décisions éclairées par les investisseurs et les régulateurs.
3. Effet de levier élevé : - Les entités de shadow banking utilisent souvent un effet de levier élevé, ce qui peut amplifier les gains mais aussi les pertes, augmentant ainsi la volatilité des marchés financiers.
4. Problèmes de liquidité : - En période de stress financier, les entités de shadow banking peuvent rencontrer des problèmes de liquidité, ce qui peut entraîner des ventes forcées d'actifs et exacerber les crises financières.
5. Protection des consommateurs : - Les consommateurs et les investisseurs peuvent être moins protégés dans le cadre de la finance de l'ombre, en raison de la réglementation moins stricte et de la supervision limitée.
6. Complexité des produits financiers : - Les produits financiers offerts par les entités de shadow banking peuvent être complexes et difficiles à comprendre pour les investisseurs non avertis, augmentant ainsi le risque de mauvaises décisions d'investissement.
- Rappel : la définition Shadow banking est issue du Guide banque.
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