
Je crois que j'ai commencé à vous parler de la thématique du refinancement de la dette il y a quelques semaines… et cela commence à sortir dans les grands médias ce qui est à la fois rassurant pour mes analyses et inquiétant pour l'économie parce qu'il n'y a rien de potentiellement plus grave qu'une crise de la dette que seules les banques centrales sont capables éventuellement de juguler par une intervention massive qui a toujours pour conséquence la création monétaire et donc… une hausse de l'inflation !
« C'est un gros problème » : le patron de JPMorgan prédit une crise du marché de la dette américaine
Jamie Dimon, patron de la banque américaine JPMorgan Chase et voix influente du milieu des affaires aux Etats-Unis, s'est inquiété dimanche du risque d'une crise du marché de la dette américaine, causée par la politique économique du gouvernement. « C'est un gros problème. C'est un vrai problème. (…) Je ne sais pas si c'est dans six mois ou dans six ans, (mais) le marché obligataire va avoir des difficultés », a-t-il déclaré sur la chaîne Fox Business dimanche.
Selon le dirigeant, quand les investisseurs prendront conscience de l'impact de l'augmentation des niveaux d'endettement, les taux d'intérêt monteront en flèche et les marchés seront perturbés, un scénario dangereux pour l'économie de la première puissance mondiale. Les investisseurs « vont examiner le pays, l'État de droit, les taux d'inflation, les politiques de la Banque centrale », a-t-il expliqué.
« S'ils décident que le dollar n'est plus la valeur refuge », financer la dette américaine coûtera plus cher.
Ici c'est la dette en général qui est évoquée. Pas encore spécifiquement le problème du refinancement à court terme des 7 000 milliards de dollars de dette US. C'est la raison fondamentale pour laquelle les taux américains sont remontés. Les politiques de Trump n'en sont pas la cause. L'éléphant dans la pièce que personne ne veut voir c'est bien cette histoire du mur du refinancement d'ici juillet 2025.
Et c'était ce que je vous disais dans mon courriel de jeudi dernier dans lequel je revenais sur mon travail et son sens.
Mon travail d'analyse consiste à chercher tout ce qui pourrait mal tourner et autant vous dire que ce n'est pas les candidats qui manquent !
Mon travail d'analyse consiste donc à faire le tri entre tous ces candidats, entre ce qui est probable et peu probable, entre ce qui est grave et pas grave, entre ce qui est significatif et insignifiant, entre ce qui est systémique et ce qui ne l'est pas, bref, je vous passe tous les critères de mon tamis mais ils sont évidemment nombreux.
Au bout de ce processus d'analyse il ne ressort souvent pas grand-chose d'important, mais parfois, on se retrouve avec un risque évident qui ressort et qui pourtant n'a pas été perçu encore par le grand public qui généralement s'en rend compte uniquement quand le ciel lui tombe sur la tête.
Chasseur de Cygnes Noirs
Mon travail d'analyste consiste à vous trouver ces risques et à vous en avertir avant que le ciel ne vous tombe sur la tête et vous offrir le temps nécessaire pour vous y préparer. Je suis donc un « chasseur » de Cygnes Noirs, vous savez, ces évènements hautement improbables aux conséquences incalculables selon la théorie de Nassim Taleb auteur justement de l'ouvrage Le Cygne Noir et là nous en avons un sublime qui clignote et qui pétille…
Pour ceux qui se demanderaient encore comment reconnaître un Cygne Noir avec certitude il y a un moyen simple. C'est un risque qui vous empêche de dormir, et je peux vous dire que dans certains services de refinancement de la dette, en France comme aux Etats-Unis sans oublier le Japon, il y en a qui dorment mal, très mal depuis quelques semaines déjà.
Le risque majeur n'est pas la guerre commerciale mais le risque obligataire
Ce risque qui va devenir prégnant dans les prochains jours et semaines c'est le risque obligataire avec la nécessité pour les Etats-Unis de refinancer plus de 5 000 milliards de dollars d'ici le mois de juillet et plus de 10 000 milliards de dollars sur l'année 2025 ! A ces refinancements américains, il faut rajouter les besoins en cash du reste du monde la France en tête qui sera le premier emprunteur de l'Union Européenne en 2025 !
Quelques insomnies à venir !
Voici l'essentiel à retenir…
Le marché obligataire se prépare à un défi exceptionnel
Environ 9 200 milliards de dollars de bons du Trésor américain – soit environ un tiers de l'encours de la dette négociable et près de 30 % du PIB américain – arriveront à échéance en 2025.
55 à 60 % de cette somme arriveront à échéance avant juillet.
Si on ajoute le déficit fédéral de 1 900 milliards de dollars, les émissions brutes vont dépasser les 10 000 milliards de dollars rien que pour les Etats-Unis.
Jamais aucun marché moderne n'a encore absorbé un tel montant.
Charles SANNAT
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