Depuis 2018, la politique commerciale de Donald Trump a marqué un tournant historique pour les États-Unis. En instaurant une série de tarifs douaniers unilatéraux sur des centaines de milliards de dollars d'importations, l'ancien président avait déjà posé les bases d'un protectionnisme pleinement assumé. Désormais réélu en janvier 2025, il est passé à l'action en rendant effectives, dès avril, une nouvelle série de mesures tarifaires d'une ampleur sans précédent.
Une vague tarifaire maintenant en vigueur
Les premiers tarifs de ce nouveau mandat ont ciblé les véhicules électriques chinois, les composants technologiques stratégiques (batteries, terres rares, etc.), les produits métallurgiques, ainsi qu'un large éventail de biens manufacturés. Les taux appliqués varient de 10 % à 60 %, avec un pic exceptionnel à 145 %. Des négociations sont actuellement en cours, accompagnées d'une pause de 90 jours dans la mise en œuvre de certaines mesures.
Donald Trump a également donné suite à sa menace d'imposer des droits de douane sur les produits Apple assemblés en Chine, ainsi que sur des importations en provenance de l'Union européenne, notamment dans les secteurs de l'automobile et de l'agroalimentaire.
Cette politique est présentée comme une mesure de rétablissement de l'indépendance économique américaine et de sanction contre les "abus commerciaux". Le ton est clairement à l'affrontement : les mesures sont actées, et les négociations s'annoncent aussi délicates que tendues.
Des coûts déjà perceptibles pour les ménages et l'industrie
Selon les derniers calculs mis à jour de la Tax Foundation, les tarifs en vigueur en 2025 devraient coûter en moyenne 1 190 dollars par ménage américain cette année. Cette charge fiscale indirecte pourrait grimper à 1 462 dollars d'ici 2026 si les surtaxes sont maintenues.
Les effets de cette politique se font déjà sentir : certains segments, notamment l'électronique importée et les matières premières, subissent une hausse des prix. L'inflation sous-jacente est désormais sous pression, et plusieurs distributeurs américains ont déjà commencé à ajuster leurs tarifs à la hausse.
Des tensions commerciales réactivées
Sans attendre, la Chine a réagi en instaurant de nouvelles surtaxes ciblées sur les exportations américaines agricoles et technologiques. De son côté, l'Union européenne a convoqué une réunion d'urgence à l'OMC et laisse planer la menace de représailles sur les biens de consommation courante.
Dans ce climat, les chaînes logistiques se tendent, en particulier dans les secteurs des semi-conducteurs et des composants automobiles. Apple, Tesla et d'autres géants technologiques revoient leurs schémas de production ou envisagent des délocalisations. Les coûts opérationnels augmentent tandis que la visibilité réglementaire diminue fortement.
Une illusion de recettes fiscales
Les droits de douane génèrent certes des recettes pour le Trésor américain — estimées à 2 100 milliards de dollars sur dix ans — mais cette manne fiscale est largement compensée par la perte de pouvoir d'achat des ménages, la baisse de la consommation, et les effets collatéraux sur l'activité économique.
Par ailleurs, le FMI a mis en garde contre le risque d'un effet auto-destructeur : à long terme, ces mesures pourraient freiner l'investissement productif, dégrader la compétitivité, et accentuer l'isolement économique des États-Unis sur la scène mondiale.
Que peut-on anticiper pour les 90 prochains jours ?
Les effets commencent déjà à se faire sentir, mais plusieurs dynamiques pourraient s'accélérer ou s'intensifier d'ici l'été, redessinant profondément le paysage macroéconomique et financier global.
Volatilité accrue sur les devises
Les tensions tarifaires alimentent une forte instabilité sur l'euro et le yuan. La Chine pourrait laisser sa monnaie se déprécier pour compenser l'effet des tarifs, tandis que l'euro reste vulnérable face aux menaces sur l'automobile européenne.
Pression haussière sur les taux longs US
Les marchés obligataires anticipent une inflation importée plus persistante. Si les anticipations dépassent les 4 %, les obligations d'État risquent une correction notable.
Rotation sectorielle sur les actions américaines
Les valeurs très exposées à la Chine et au secteur technologique pourraient sous-performer. À l'inverse, les secteurs domestiques (énergie, consommation de base, industrie lourde) pourraient être avantagés.
Réajustement prudent de la politique monétaire de la Fed
La Fed pourrait ralentir ou suspendre son cycle de baisse des taux pour éviter de raviver l'inflation, tout en essayant de préserver la dynamique économique.
Risque accru pour les marchés émergents
Les pays émergents dépendants des exportations vers les États-Unis ou en déficit courant pourraient subir une fuite de capitaux, sous l'effet de ce durcissement protectionniste.
Une stratégie d'investissement sous contrainte
Dans ce contexte, les stratèges recommandent une surpondération des valeurs domestiques, des secteurs défensifs, des actifs réels comme les matières premières ou l'immobilier coté, mais également une plus grande agilité tactique dans la gestion des expositions internationales. La résilience des marchés dépendra fortement de la capacité des banques centrales et des gouvernements à amortir les effets collatéraux de cette nouvelle vague protectionniste.
Dans un environnement aussi incertain, marqué par des décisions politiques aux effets immédiats sur les marchés, il devient essentiel pour les investisseurs, particuliers comme professionnels, de se former. La formation devient ainsi un véritable levier de résilience économique individuelle. Chez ALTI TRADNG nous vous proposons de vous former grâce à notre programme INVESTISSEUR PRO. Ce programme composé de 5 formations va vous aider à comprendre les mécanismes de réaction des marchés financiers face à de telles annonces et vous permettre de mieux anticiper les risques, d'ajuster vos allocations d'actifs et de limiter les décisions émotionnelles.
Conclusion : une nouvelle phase de friction globale
Les tarifs de Trump version 2025 sont entrés dans une phase active. Leur effet est profondément polarisant : à court terme, ils flattent un discours souverainiste et protectionniste ; à long terme, ils posent de véritables questions de compétitivité, d'innovation et d'ouverture internationale.
L'été 2025 s'annonce comme un tournant géopolitique et économique majeur. Les 90 prochains jours pourraient être ceux de la clarification : soit un apaisement progressif des tensions commerciales, soit un basculement vers une véritable guerre commerciale globale, aux répercussions durables. Dans ce contexte, les marchés financiers joueront un rôle d'arbitre : leur réaction traduira l'état de confiance – ou de défiance – des investisseurs vis-à-vis du leadership américain et de la stabilité mondiale.
Les flux de capitaux, les niveaux de taux longs, la dynamique des devises et la rotation sectorielle sur les marchés actions en diront long sur le cap que le monde s'apprête à prendre. Car derrière chaque décision tarifaire se dessinent des réalignements stratégiques qui redessineront, pour longtemps, les équilibres économiques globaux.
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