La conjonction de facteurs structurels et conjoncturels défavorables exige une segmentation accrue entre les entreprises capables d'encaisser ces chocs et celles qui se battent pour garder la tête hors de l'eau.
Le retour des investisseurs à long terme vers les actions est à ce prix.
A écouter leur communication financière, les entreprises sont toutes engagées sur une trajectoire de croissance à long terme.
Mais cette relative homogénéité dans les discours est un leurre.
Car derrière ces mêmes promesses se cachent des réalités fondamentales et donc, des perspectives boursières, radicalement opposées.
Explications.
L'environnement économique n'a jamais été aussi tendu, pour les entreprises.
Entre la dérégulation, l'hyperconcurrence, l'essor des modèles low cost, la généralisation de la gratuité via l'internet ou encore la disparition des barrières douanières, les entreprises subissent des pressions déflationnistes croissantes, qui affectent en retour leur capacité bénéficiaire.
Parallèlement, l'environnement récessif actuel obère la capacité de ces mêmes entreprises à générer de la croissance.
Fortement déstabilisante pour l'ensemble de l'économie, la conjonction de ces facteurs structurels et conjoncturels défavorables n'affecte toutefois pas toutes les entreprises de la même façon.
Elle exige dès lors des investisseurs une segmentation accrue entre les entreprises capables d'encaisser ces chocs et celles qui se battent pour garder la tête hors de l'eau.
Communication financière contre communication de crise Les différences sont loin d'être anodines.
Grâce à un positionnement pertinent et à des choix stratégiques efficaces, les premières parviennent à conserver une croissance protégée et à s'affranchir du contexte économique.
D'où une communication financière digne de ce nom, dont chaque composante permet de faire tourner les modèles des analystes et des investisseurs.
Ce type d'entreprise existe dans des secteurs variés.
Y cohabitent des valeurs aussi diverses que LVMH, zodiac Aerospace, ou encore essilor international.
A l'inverse, les secondes se bornent à une communication de crise et d'autojustification a posteriori.
Un exemple : les banques.
Loin de dessiner les contours de la banque de demain, leur discours actuel cherche à rassurer les investisseurs sur l'adéquation de leur structure financière aux contraintes prudentielles, sur leur accès à la liquidité, sur leur exposition aux dettes souveraines les plus vulnérables, sur la solidité de leurs fonds propres, voire, plus récemment, sur leur implication dans un des plus grands scandales financiers de l'Histoire.
Aucune proposition actionnariale, donc, et encore moins d'éléments susceptibles d'éveiller un quelconque intérêt de la part des investisseurs à long terme.
Les différences ne s'arrêtent pas là.
Les premières entreprises parviennent à projeter leurs ambitions au-delà de plusieurs années, alors que l'horizon des secondes ne dépasse pas quelques mois.
Les premières adoptent un discours offensif décomplexé, quand les secondes restent défensives.
Les premières parlent de valeur dans la durée, quand les secondes cherchent (en vain) à ne pas en perdre, voire à ne pas disparaître.
Il est bien là, le rôle des gérants et des investisseurs.
Loin de s'exposer indistinctement à toutes les valeurs d'une cote dont les promesses n'ont jamais été aussi hétérogènes et dispersées, ce rôle consiste à lire entre les lignes des discours actionnariaux et à distinguer les valeurs en mode croissance, qui peuvent créer de la valeur dans le temps, et les valeurs en mode survie, qui ont définitivement perdu leurs galons de valeurs de fonds de portefeuille.
Si elles peuvent s'avérer pertinentes dans une logique de retournement, ces derniers ne sont en effet aucunement en mesure de promettre une valorisation du capital à moyen ou long terme.
Salutaire, cette discrimination est le seul moyen de redonner du sens à l'investissement en actions et à redonner aux investisseurs de l'appétit pour le risque.
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