En accordant trop de crédit aux stratégies de retours vers la moyenne, les investisseurs surinterprètent le parcours boursier passé au lieu de sélectionner les seules valeurs en mesure de se projeter vers l'avenir, indépendamment de leur track record.

Toujours pas.
Décidemment, la lecture de la cote à l'ancienne ne fonctionne toujours pas.
Le paradigme habituel affirme que les secteurs opèrent des rotations en fonction des différents moments de chaque cycle, selon un mouvement mécanique de retour à la moyenne.
Après une année 2011 funeste pour les valeurs financières et cycliques, 2012 sonnerait donc l'heure de la chasse au bêta.
Les conditions de marché catastrophiques de l'année dernière (cf tableau perf.
2011) poseraient en effet les conditions d'un rebond et donc, d'un gisement de performance absolue pour les valeurs précédemment massacrées.
L'« ancien monde de la gestion » se trouve donc rassuré : truffé de valeurs cycliques et financières, le classement des meilleures performances de ce début d'année semble leur donner raison.
Ce raisonnement n'a en réalité plus aucun sens.
Il impute aux valeurs cotées une propension à tendre vers leur moyenne, comme si celle-ci leur était consubstantielle.
Or prévoir qu'une valeur massacrée en 2011 doive nécessairement rebondir selon un effet de ressort purement mécanique est du même ordre que d'imaginer qu'un cancre devienne subitement le 1er de la classe l'année suivante.
A l'inverse, cette idée communément admise suppose en creux que les valeurs de qualité, celles qui profitent d'une « croissance protégée », n'ont aucune chance d'être contributrices à la performance en ce début d'année.
Or il n'en est rien.
Ces dernières progressent aussi bien que les composantes les plus performantes des grands indices blue chips.
Surtout, elles le font après une année 2011 déjà favorable, sans recours à un quelconque mouvement de balancier.
Le classement des meilleures performances de ce début d'année est donc trompeur et cache une réalité que l'approche traditionnelle ne peut pas expliquer.
Au cour de cette méprise, les investisseurs sous-estiment la capacité du marché à accorder une prime aux valeurs qui restent en mesure de se projeter dans l'avenir et qui offrent dès lors une réelle visibilité, indépendamment de leur track record.
Gagne-pains des stratégistes, ces prétendus mouvements de balancier sectoriels amènent donc les gérants à prendre des positions opportunistes purement tactiques et à mener des arbitrages de court terme.
Pour les justifier, ils surinterprètent le parcours boursier passé, au lieu de se projeter vers l'avenir et tenter de mesurer la capacité des entreprises à créer de la valeur dans un environnement de marché résolument déflationniste.
La performance est pourtant à ce prix.
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