Les marchés d'actions européens digèrent sobrement l'ultime sauvetage de la Grèce (véritable bouffée d'oxygène pour la zone euro !), une semaine après le succès du défaut partiel contrôlé de la dette hellène.
Les indices européens marquent une pause aujourd'hui (+0,44% pour le Cac 40), après trois mois consécutifs de cycle haussier, dont la vigueur semble galvaniser petit à petit la confiance des investisseurs.
En effet, certains d'entre eux, qui jusque là restaient à l'écart des actifs à risque sont désormais prêts à « troquer » leurs positions sécures sur le Bund allemand ou le t-bond US, contre une exposition plus offensive sur les actions.
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Le momentum idéal, pour délaisser définitivement l'approche « flight to quality » qui a longtemps prévalu au cours de l'année 2011 ? Il existe actuellement une convergence de facteurs positifs de nature à encourager les investisseurs à se diriger vers les marchés d'actions.
La très bonne tenue des indices depuis le début de l'année va sans doute au-delà de leurs attentes.
Désormais au dessus du seuil de 3,500 points, le Cac 40 a délivré une performance de +12,8% depuis le début de l'année.
Même constat pour l'eurostoxx50, dont la performance est assez proche, à 11,2%.
Les améliorations politiques et macroéconomiques récentes en zone euro y sont pour beaucoup.
Il aura fallu deux programmes colossaux de LTRO de la part de la BCE au chevet des banques, dans un environnement d'assouplissement monétaire, le second plan de soutien massif des institutions publiques à la Grèce (130 milliards d'euros), ainsi qu'une contribution de taille du secteur privé à la restructuration de la dette hellène, pour que les marchés financiers de la zone euro soient sensiblement et durablement apaisés.
En toile de fond, la croissance en zone euro s'est maintenu tant bien que mal, éloignant un peu le spectre d'une récession longue programmée pour 2012.
Les indicateurs avancés récents, en voie de normalisation, en témoignent : l'indice ZEW des investisseurs et analystes allemands marque en mars un point haut de près de deux ans.
Ce mouvement haussier s'est traduit en bourse par le reflux notable de la volatilité (l'indice Vix est tombé sous le seuil de 15) combiné au retour relatif des valeurs financières et cycliques.
Particulièrement « abimées » en 2011, ces valeurs bénéficient depuis trois mois d'une rotation sectorielle, dans un environnement où les valorisations européennes restent relativement bon marché.
Les titres Société Générale, Axa ou BNP Paribas ont ainsi progressé respectivement de +43,7%, +28,7% et +28,3% depuis le début de l'année.
Du côté des industrielles, les titres renault, alstom, lafarge, EADS ont affiché des performances tout aussi enviables, respectivement +58%, +37,6%, +34% et +27,6% ! En perspective, des voyants boursiers intégralement au vert, donc ? Pas définitivement.
Car nous pouvons confronter deux scénarii possibles.
Le premier privilégiant la progression lente mais constante, dite en "tôle ondulée"', des marchés d'actions.
Celui-ci prolongerait la tendance en cours.
Le second, plus chahuté, est également à considérer : derrière le calme apparent, de nouveaux catalyseurs pourraient favoriser le retour d'une configuration baissière.
Les facteurs de risque se sont certes dissipés, mais pas n'ont pas disparu pour autant.
Au-delà de la réussite du sauvetage d'urgence de la Grèce, le pays n'en demeure pas moins exposé au déclenchement de ses CDS.
Plus largement les pays de la zone euro doivent toujours faire face à leurs problématiques structurelles : l'initiation de réformes fiscales et d'austérité budgétaire pour gagner en solvabilité et compétitivité.
Le tout dans un contexte où les perspectives de croissance à moyen terme demeurent ténues.
Là est d'ailleurs la différence avec le contexte américain.
De part et d'autre de l'Atlantique les marchés d'actions connaissent un rally appréciable.
Mais la trajectoire macroéconomique est bien plus prometteuse aux Etats-Unis, où la reprise de la croissance est avérée.
On s'y pose déjà la question d'en mesurer la vigueur.
En Europe, avant même de pouvoir lorgner sur un quelconque regain de croissance, la priorité reste inlassablement la réduction des déficits !.
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