Les marchés financiers européens ont terminé la séance de vendredi en nette baisse, tirés vers le bas par une escalade soudaine des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine. Cette détérioration intervient après que l’ancien président américain Donald Trump a menacé d’annuler sa rencontre prévue avec son homologue chinois Xi Jinping lors du sommet de l’APEC dans deux semaines, tout en évoquant une « augmentation massive » des droits de douane sur les importations chinoises.
Ces déclarations ont ravivé les craintes d’un retour à une guerre commerciale entre les deux premières puissances économiques mondiales, d’autant plus qu’elles interviennent en réaction à des mesures récentes prises par Pékin. En début de semaine, la Chine a instauré de nouveaux droits portuaires ciblant les navires battant pavillon américain et a ouvert une enquête antitrust contre le géant américain des semi-conducteurs Qualcomm. Ces actions sont perçues comme des représailles potentielles à la politique commerciale agressive de Washington, notamment concernant les exportations de terres rares, dont la Chine envisage de renforcer les contrôles.
💻 Secteur technologique en première ligne
L’impact s’est immédiatement fait sentir sur les places boursières. À Paris, le CAC 40 a reculé de 1,53 % à 7 918 points, portant ses pertes hebdomadaires à 2,02 %. L’indice paneuropéen EuroStoxx 50 a suivi la tendance, perdant 1,60 % pour clôturer à 5 335,51 points. Le secteur technologique a été le plus durement touché, suivi par les services de communication et l’industrie lourde. À l’inverse, les valeurs défensives — notamment les services publics et les biens de consommation courante — ont résisté, voire affiché de légères hausses.
Outre-Atlantique, les indices américains ont effacé leurs gains matinaux pour finir dans le rouge. Le S&P 500 a cédé 1 %, le Nasdaq a reculé de 1,7 % et le Dow Jones a chuté de plus de 300 points. Malgré cette correction de fin de semaine, les grands indices américains affichent globalement une performance positive sur la période hebdomadaire : +0,3 % pour le S&P 500, +1,1 % pour le Nasdaq, tandis que le Dow Jones s’apprête à clôturer la semaine en baisse de 0,9 %.
Parmi les valeurs les plus affectées figurent les poids lourds de la tech : Amazon a perdu 3,1 %, Meta 2,6 %, Nvidia 1,7 %, tandis qu’AMD a chuté de 6,2 % et Qualcomm de 4,1 %, pénalisé par l’enquête antitrust lancée à son encontre.
📉 Mouvements sectoriels et recommandations d’analystes
En Europe, ArcelorMittal a reculé de 5,83 % après que Goldman Sachs a révisé sa recommandation sur le titre, passant de « acheter » à « neutre ». Les analystes estiment que l’action est désormais correctement valorisée, après une forte progression mercredi liée à l’annonce d’un plan de la Commission européenne visant à protéger l’industrie sidérurgique européenne des surcapacités mondiales.
Dans l’automobile, Stellantis a annoncé avoir livré 1,3 million de véhicules au troisième trimestre 2025, en hausse de 13 % sur un an, porté par une forte dynamique en Amérique du Nord (+35 %, à 403 000 unités). Du côté des énergies renouvelables, Voltalia a mis en service sa centrale solaire de Clifton, au Royaume-Uni, d’une capacité de 45 mégawatts, suffisante pour alimenter plus de 10 600 foyers.
Sur le front des recommandations, BNP Paribas Exane a dégradé Nexans de « neutre » à « sous-performance », tandis que Technip Energies a été rétrogradé de « surperformance » à « neutre ». Les deux titres ont respectivement chuté de 3,14 % et 7,75 %.
📊 Appétit pour les actifs refuges et incertitudes macroéconomiques
Face à ce regain de volatilité géopolitique, les investisseurs se sont repliés sur les actifs considérés comme sûrs. Le rendement des obligations du Trésor américain à 10 ans a poursuivi sa baisse vendredi, atteignant 4,06 %, son plus bas niveau en près de trois semaines. Ce repli efface les hausses observées en début de semaine et reflète une demande accrue pour la dette souveraine américaine.
Le contexte macroéconomique reste par ailleurs marqué par l’incertitude. Le gouvernement fédéral américain est entré vendredi dans le dixième jour de « shutdown », retardant la publication de données économiques clés, notamment l’indice des prix à la consommation (IPC) initialement attendu la semaine prochaine. Cela complique davantage l’analyse des perspectives d’inflation et de politique monétaire.
Néanmoins, les marchés continuent d’anticiper une action accommodante de la Réserve fédérale. Selon les instruments dérivés, la probabilité d’une baisse de taux de 25 points de base lors de la réunion de fin octobre est désormais établie à environ 83 %, tandis que les attentes pour une nouvelle réduction en décembre restent élevées.
Par ailleurs, l’indice de confiance des consommateurs de l’Université du Michigan s’est légèrement replié à 55,0 en octobre, contre 55,1 en septembre, dépassant légèrement les attentes des économistes (54,1).
📅 Ouverture de la saison des résultats
La semaine à venir marquera le coup d’envoi officiel de la saison des résultats trimestriels en Europe, avec la publication des comptes de quatre poids lourds du CAC 40 :
LVMH
Publicis
Pernod Ricard
EssilorLuxottica
Ces annonces seront scrutées de près, à la fois pour leur performance intrinsèque et pour les signaux qu’elles pourraient envoyer sur la résilience de l’économie face aux tensions commerciales croissantes et à l’environnement macroéconomique incertain.
Dans ce contexte, les investisseurs resteront particulièrement sensibles à tout développement diplomatique ou commercial entre Washington et Pékin, dont les répercussions pourraient rapidement se répercuter sur la volatilité des marchés mondiaux.
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